Mineure
Yann Queffélec
Editions Le Livre de Poche
118 pages
Résumé :
Qu'est-ce que le désir aux abords de l'âge mûr, lorsqu'on est courtisé par une jeune fille ? Sibylle a treize ans, Michel cinquante-cinq. Yann Queffélec analyse avec une minutie clinique les sentiments ambigus qui tourmentent son héros, homme marié, heureux, socialement établi, face à la passion brutale d'une adolescente aussi jeune que ses propres enfants, des jumelles. Non, il ne cédera pas... Mais sûre d'arriver à ses fins, Sibylle déploie toutes les ruses de la séduction féminine, poussant l'homme dans ses derniers retranchements... Du grand Queffélec.Incipit : J’ai besoin d’en parler, d’expliquer pourquoi je vais quitter Claire après ce qui m’est arrivé.
Mon avis :
J’ai découvert l’existence de ce roman lors d’une proposition de partenariat entre Livraddict et Le Livre de Poche. Je n’ai pas été sélectionnée, mais j’ai gardé ce titre dans un coin se ma tête. Quand les avis ont commencé à tomber, j’ai pu vérifier que mon intuition était bonne : il s’agissait manifestement d’un très bon livre, et il a par conséquent immédiatement alourdi ma wish list. Puis, sur un coup de tête, je l’ai commandé sur Amazon. Étant donné que c’est un tout petit livre, et qu’une fois reçu dans ma boîte aux lettres, l’envie de le lire est devenue irrépressible, je l’ai glissé entre 2 lectures et l’ai lu en une journée !
Nous faisons connaissance avec Michel, quinquagénaire marié à Claire et père de Diane et Chloé, jumelles de 10 ans. Au hasard d’une partie de tennis, Michel va ouvrir des yeux nouveaux sur Sybille, la fille de 12 ans (presque 13) d’une amie du couple. Sybille se la joue lolita et va tout faire pour séduire Michel, qui perd tous ses moyens et s’en veut terriblement d’éprouver du désir pour une si jeune fille.
Débute alors une grande analyse personnelle, un questionnement sur la morale et sur sa santé mentale. Michel décortique sa vie, son couple, le concept d’amour en général, et nous suivons le cheminement de ses réflexions.
Le tout se déroule sur une durée très courte (environ 3 mois), au cours de laquelle la vie de Michel prendra un tour nouveau.
Vous aurez compris que le récit se déroule à la première personne, le narrateur étant bien évidemment Michel. Ça et là, l’auteur agrémente son texte de notes prises par Michel, à la façon d’un journal intime.
L’auteur utilise à foison les figures de style, les accumule, les superpose, les fait se succéder sans cesse. Certaines tournures de phrases ne sont pas toujours très compréhensibles. A parfois trop vouloir jouer avec le style, j’ai eu l’impression parfois d’être emportée dans une écriture peu cohérente.
C’était par moment justifié, lorsqu’au cœur des pensées de Michel, la cohérence n’était plus trop présente à son esprit. Mais l’auteur alambiquait également son texte alors que la situation ne l’exigeait pas.
Un exemple ? « Et si, pauvre mec, il prend fin tout seul, il est mort, tu baises un cadavre, avec toi ça fait deux. » (page 14). Dans cette phrase, « il » correspond au désir (sexuel) qu’un homme éprouve pour son épouse. Pour le reste, rien dans le texte qui précède ne permet de mieux comprendre cette phrase. Ça vous parle à vous ?
Cette construction de phrase très particulière est apparemment chère à l’auteur, qui l’utilise régulièrement, et induit donc une sensation particulière au lecteur.
Ce livre ne méritait pas d’être plus long. D’ailleurs, je l’aurais à coup sûr moins apprécié s’il avait eu des pages supplémentaires. Qui plus est, en 118 pages l’auteur parvient tout de même à créer quelques longueurs, des descriptions inutiles au récit, à peine intéressantes pour l’interprétation des pensées du narrateur.
Dans ce roman, s’engage une vraie réflexion sur l’amour et la fidélité, sur le désir et sur le couple. Chacun peut s’y retrouver d’une manière ou d’une autre, y engager un questionnement sur sa propre situation. Le tout est savoureux, très bien amené et développé. Les approfondissements sont parfois un brin répétitifs, mais cela se justifie par le trouble profond de Michel, qui se pose plusieurs fois les mêmes questions.
Les évocations sexuelles sont parfois crues dans le vocabulaire, mais jamais choquantes ou immorales. Ce sujet épineux qu’est le désir pour une mineure est abordé avec subtilité et beaucoup de finesse. Tout est réaliste, les vraies questions sont posées et le cheminement intérieur de Michel est tout à fait censé et cohérent. Une bataille s’engage entre sa raison et son désir, et nous sommes les spectateurs de son auto arbitrage.
Mon bilan :
5 commentaires:
Je l'avais aussi repéré lors du partenariat, et avec ton avis et les autres, je pense que je vais finir par craquer :)
comme sita, je pense craquer aussi !
J'ai beaucoup ce livre moi aussi ! Il est très touchant !
A mes yeux se demander si on va céder à la tentation alors qu'elle était mineure, dans le livre c'est un peu particulier, mais dans la vie de tous les jours on qualifie vite ça de pédophilie.
Mais tu as raison, ce n'est pas toujours le cas !
pour moi ça a été une très forte découverte qui ne m'a donné qu'une envie: lire d'autres titres de l'auteur (j'ai d'ailleurs lu "Les noces barbares" peu de temps après!)
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